Activités officielles en 2006
Séminaire de gestion civile des crises (7-8 novembre)
Dans le cadre de la mise en œuvre des actions de coopération technique bilatérales engagées depuis 2004 entre la France et la Bosnie Herzégovine (50 actions déjà engagées) s’est tenu à Sarajevo les mardi 7 et mercredi 8 novembre 2006 un séminaire relatif à la gestion civile des crises.
Il était animé par Mme. Astic, Sous-Préfet de Savoie, le Colonel de Gendarmerie Soubelet et le Colonel de Sapeurs Pompiers Bautheac. Ce stage de gestion des crises civiles a été dispensé à 20 responsables de centres de secours ou de services de protection de Bosnie-Herzégovine, qu’ils opèrent au niveau des municipalités en Republika Srpska, en Fédération de Bosnie-Herzégovine, dans le District de Brcko ou au niveau de l’Etat bosnien.
Ce séminaire a permis de mettre en exergue l’organisation française des opérations de secours, en insistant sur la nécessaire coordination entre les services. Une grande variété de thèmes y a été abordée : les phases de gestion des crises, les forces de l’ordre face à la crise, la crise liée à un risque naturel, l’utilité des plans rouge (plans d’urgence en cas de très nombreuses victimes) ou ORSEC (ORganisation des SECours, pour l’organisation des secours et le recensement des moyens publics et privés susceptibles d’être mis en œuvre en cas de catastrophe) ou encore l’intérêt des simulations.
Visite de l’Ambassadeur à Mostar (20 septembre)
L’Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine, Mme Maryse Berniau, s’est rendue à Mostar le mercredi 20 septembre. Elle a rendu visite à la Task force multinationale Sud-Est de l’EUFOR commandée depuis le 31 août dernier par le général français Daniel Daehn et à la Liaison and observation team de Jablanica.
L’Ambassadeur de France a ensuite visité Centre Culturel pour la Jeunesse Abrasevic, situé sur l’ancienne ligne de front, dont le Ciné Club et la programmation musicale (concerts) reçoivent l’appui des services français de coopération.
L’Ambassadeur Berniau s’est également rendue au centre culturel français de Mostar et au lycée de Mostar, dont la section bilingue franco-bosnienne offre à un nombre croissant d’élèves un double accès à l’enseignement supérieur bosnien et français et dont les élèves relevant de programmes différents peuvent étudier ensemble.
Visite de l’Ambassadeur de France à Tuzla (15 septembre)
L’Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine, Mme Maryse Berniau, a consacré son second déplacement hors de Sarajevo depuis sa prise de fonctions à une visite à Tuzla. Elle s’est entretenue avec le maire de Tuzla, M. Jasmin Imamovic, du développement économique local, ainsi que des possibilités de renforcer les échanges culturels entre la ville et ses partenaires français, et de développer l’enseignement du français dans la municipalité.
L’Ambassadeur a visité, en compagnie de Mme Kathryne Bomberger, responsable de l’ICMP (International Commission for Missing Persons) les implantations de l’ICMP à Tuzla et Lukavac. Elle a salué l’action remarquable et novatrice conduite depuis dix ans par l’ICMP dans l’identification des personnes disparues durant le conflit de 1992-1995, soulignant son importance pour les familles des victimes et pour le processus de vérité et de justice en Bosnie-Herzégovine.
Mme Berniau a également rencontré le directeur de l’école du camp de réfugiés de Mihatovici, M. Fejzo Begovic, avec lequel elle a évoqué les perspectives de renforcement des actions de soutien apportées par les services de l’Ambassade à cette école. 198 élèves y sont scolarisés, dont 75 apprennent le français.
Visite de l’Ambassadeur à Srebrenica (24 juillet 2006)
L’Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine, Mme Maryse Berniau, a consacré sa première visite hors de Sarajevo à un déplacement à Srebrenica, le 24 juillet 2006.
Elle a rendu hommage aux victimes des massacres perpétrés en juillet 1995 au Mé¬morial de Potocari puis s’est entretenue avec le directeur-adjoint du Mémorial, M. Majstorovic, ainsi qu’avec Mmes Hatidza Mehmedovic et Hajra Catic, Présidentes respectivement de l’Association des mères de Srebrenica et de l’Association des femmes de Srebrenica.
Mme Berniau a également rencontré le Maire de Srebrenica, M. Abdurahman Malkic, les responsables d’une PME du secteur textile et a rendu visite au Centre des jeunes de la ville.
L’Ambassade de France en Bosnie-Herzégovine, qui soutient financièrement divers projets de coopération et d’action culturelle dans l’Est de la Bosnie-Herzégovine, contribue au développement de stratégies municipales pour la jeunesse dans plusieurs communes de la région de Srebrenica.
Bicentenaire de la nomination du premier Consul de France en Bosnie-Herzégovine (12 mai 2006)
L’Ambassade de France a commémoré le vendredi 12 mai 2006 à Travnik le bicentenaire de l’ouverture du consulat général de France immortalisé par le Prix Nobel de littérature Ivo Andric, enfant de Travnik et diplomate.
A cette occasion, M. Henry Zipper de Fabiani, Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine, a inauguré en compagnie de M. Werner Almhofer, Ambassadeur d’Autriche en Bosnie-Herzégovine, de la directrice du musée de Travnik Mme Fatima Maslic, de M. Tahir Lendo, Maire de Travnik, de M. Salko Selman, Premier ministre du Canton, de représentants du corps diplomatique et de diverses autres personnalités bosniennes, deux expositions consacrées au Consul Pierre David et à la Chronique de Travnik.
- L’Ambassadeur en compagnie de la directrice du musée de Travnik, Mme Maslic (à sa gauche), du maire de Travnik (M. Lendo) et de l’Ambassadeur d’Autriche (M. Almhofer) à sa droite.
- Le Maire de Travnik et la directrice du musée reçoivent, de la part de l’Ambassadeur, un portrait du Consul Pierre David.
Le 12 mai 1806, l’empereur Napoléon Ier signait un décret nommant Pierre David Consul général de France à Travnik, capitale de la Bosnie d’alors, auprès du Vizir qui y gouvernait au nom de la Sublime Porte. Ainsi s’ouvrit la première véritable mission diplomatique officielle entre nos deux pays. Cet épisode rappelle qu’avant d’être le premier pays à ouvrir une ambassade en Bosnie-Herzégovine, en janvier 1993, dans Sarajevo assiégée, la France avait déjà entretenu un dialogue substantiel avec les autorités de ce pays.
A cette occasion un recueil intitulé Le Consulat de France en Bosnie et la Chronique de Travnik a été publié en français et en langue locale par l’ambassade de France. Cet ouvrage collectif auquel ont collaboré des universitaires, diplomates et écrivains de France, d’Autriche de Bosnie-Herzégovine et de pays de la région apporte un éclairage nouveau sur les relations franco-bosniennes, comme sur la relation entre littérature et diplomatie.
Discours de l’Ambassadeur :
Deuxième centenaire du décret impérial nommant Pierre David
consul général de France à Travnik
12 mai 1806-12 mai 2006
Au mois d’août 1793, Marc Bruère-Desrivaux prenait ses fonctions comme Consul de France à Travnik ; il devait y rester quatre ans. Deux siècles plus tard, en janvier 1993, Henry Jacolin devenait le premier Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine. Dans Sarajevo assiégé, il ouvrait la première Ambassade étrangère : le drapeau français flotte ainsi depuis ce temps là dans la capitale de ce pays.
Mais l’Histoire a retenu un autre jalon de nos relations diplomatiques : la nomination, le 12 mai 1806, par un décret impérial signé « Napoléon », de Pierre David comme Consul général de France en Bosnie. C’est cet événement que nous commémorons aujourd’hui, tout comme l’arrivée, deux ans plus tard de son collègue autrichien, Josef Paul Mittesser.
Une telle commémoration aujourd’hui à Travnik, avec deux expositions et la publication d’un ouvrage scientifique sur le premier grand épisode de la relation de la France avec la Bosnie-Herzégovine, n’est véritablement justifiée que parce qu’un des plus grands créateurs de ce pays et de cette région, Ivo Andriæ, lui a donné une signification et un impact qui dépassent de loin le cadre strict d’un épisode diplomatique qui tourna court avec l’effondrement du projet napoléonien.
C’est pour moi l’occasion, alors que ma mission comme quatrième Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine touche à sa fin, d’adresser quelques messages :
1.- Le premier d’entre eux a trait à l’Histoire : nous vivons avec l’Histoire, l’Histoire nous suit et nous poursuit ; mais l’Histoire n’est jamais un donné, c’est une conquête, comme toute entreprise humaine, comme tout projet intellectuel et affectif.
L’épisode de David et Mittesser à Travnik, c’est à la fois l’histoire de deux professionnels appliquant la politique de leur pays respectif, collègues capables de nouer des relations humaines au-delà des intérêts qu’ils doivent défendre.
Mais c’est aussi l’histoire d’un concentré de l’épopée et de la tragédie qui déchirent alors le continent européen, qui affectent aussi cette région : l’armée du maréchal Marmont est en Dalmatie ; la révolte serbe gronde ; Paris et Istanbul poursuivent leur dialogue séculaire ; Vienne, Londres et Moscou sont bien sûr dans la course.
L’une des leçons que nous pouvons tirer, qui transparaît dans le recueil publié ce jour, c’est que les intérêts guident les acteurs, les Etats comme les hommes : l’amitié se construit, mais elle n’est pas donnée une fois pour toutes ; elle doit se nourrir de faits concrets. Selon la formule bien connue, « les Etats n’ont pas d’amis ; ils ont des intérêts ».
Mais il est une autre leçon : au-delà des ruptures, il nous appartient de discerner les éléments de continuité, l’enracinement de nos projets, la généalogie de nos actes. Tel est le sens profond de cette commémoration : retrouver le fil secret qui nous relie avec notre passé commun et intervient dans notre relation de partenariat et de solidarité.
2.- Le second de mes messages est relatif à la littérature : la stature d’Ivo Andriæ n’est plus à démontrer ; il restera l’un des grands créateurs de ce pays et de cette région, dans une langue qui est comprise dans la plupart des pays héritiers de l’ancienne Yougoslavie.
Mais la littérature va bien au-delà de la langue. La "Chronique de Travnik" est bien plus qu’une évocation historique : elle nous plonge dans une réalité humaine, dans la complexité des relations entre les êtres. C’est à juste titre qu’une conférence était prononcée ici même voilà un an esquissant un parallèle entre Ivo Andriæ et Marcel Proust, deux monuments de la littérature mondiale. Les affinités profondes, le dialogue sur les cimes de l’humanité, transcendent les différences culturelles tout comme les frontières.
La littérature est par essence universelle. Elle est inclusive, non pas exclusive. Surtout, comme toute création, elle est fondatrice ; elle affirme la victoire de la construction sur la destruction, de la vie sur la mort.
3.- Mon troisième message porte sur la nature des relations internationales dans le contexte de la mondialisation :
Après bien d’autres époques, la Révolution française puis l’Empire jouèrent un rôle dans la propagation des idéaux universels reposant sur la démocratie, les droits de l’homme, l’émergence de l’individu comme véritable sujet de la vie en société.
Depuis toujours, mais avec une impulsion nouvelle résultant de la découverte du nouveau monde et des routes maritimes, le commerce est aux avant-postes des échanges qui se nouent entre les peuples : ces échanges ne portent pas seulement sur les idées, mais aussi et surtout, dans un premier temps sur les biens et les produits que chacun peut exporter ou veut acquérir.
La mission de Pierre David était une mission prioritairement commerciale puisqu’il s’agissait de contourner le blocus continental et de définir et conforter une route terrestre entre l’Europe de l’ouest et l’Orient.
Ce faisant, Pierre David, comme bien d’autres de ces Consuls ou drogmans installés depuis le XVIème siècle dans les Echelles du Levant, a porté sa contribution au dialogue des cultures et des civilisations : par ses découvertes et par ses incompréhensions, comme le souligne Ivo Andriæ, ce Consul est singulièrement moderne et d’actualité pour nous.
N’oublions pas que l’ambassadeur est, comme le rappelle le terme allemand, un porteur de message, un Botschafter, et que ses messages ne se limitent pas aux missives qu’il envoie à sa capitale afin d’éclairer la compréhension de ses autorités sur les réalités qu’il expérimente sur le terrain.
Dans le monde d’aujourd’hui, j’aime souligner que le diplomate, l’Ambassadeur, le conseiller ou le Consul, est plus que jamais un « facilitateur » et un catalyseur d’initiatives décentralisées en provenance des collectivités locales, des assemblées parlementaires, des associations : il apporte une sorte de caution, un label de reconnaissance, l’initiative étant multiple et de moins en moins étatique. A Travnik, nous pouvons nous féliciter des bienfaits d’un partenariat qui se construit avec la région Auvergne.
4.- Mon quatrième message vise à souligner l’importance de la dimension stratégique, aujourd’hui comme voilà deux siècles :
La Bosnie-Herzégovine, comme on le souligne souvent, est à la jonction de plusieurs plaques tectoniques : entre chrétienté et islam, entre catholicisme et orthodoxie, entre Europe continentale et Europe méditerranéenne. Par delà cette banalité, j’aime à rappeler que ce pays offre un concentré de toutes les richesses de la Méditerranée, notre mer originelle, hellénique, latine, judo-chrétienne, arabo-islamique.
Aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine nous rappelle l’importance de la dimension identitaire. Même si celle-ci a pu avoir des effets destructeurs, même si elle est parfois instrumentalisée au profit d’intérêts étroits, les identités expriment la richesse inhérente à la nature humaine. De ce point de vue, la Bosnie-Herzégovine peut apporter une puissante contribution à l’Europe et à l’humanité.
De même, au moment où l’on multiplie les interventions multinationales pour remédier à la faillite de certains Etats et à la détresse de leurs populations, les dix années de paix que nous avons connues ici inspirent aujourd’hui plus d’espoir que jamais : un état plus rationnel est en construction dans ce pays ; de profondes réformes y sont à l’œuvre ; mais beaucoup reste à inventer et c’est la responsabilité de la société civile et des hommes politiques que de trouver des voies innovantes dans cette direction.
5.- Enfin, mon dernier message, le plus actuel et le plus porteur d’espoir, concerne l’avenir européen de la Bosnie-Herzégovine :
L’épopée révolutionnaire puis napoléonienne ne peut pas être assimilée à une pure aventure militaire de conquêtes. Elle eut son lot de faiblesses, elle eut sa face sombre, mais elle renouvela le rêve issu du fond des âges, porté en son temps par l’empire carolingien, héritier de l’empire romain, d’une unité reposant sur une bonne administration, des communications efficaces, la prospérité d’une économie en expansion, un projet éducatif, et surtout sur des principes et des valeurs.
A ce jour, l’Union européenne est devenue le seul projet non impérial d’unité européenne : le club est ouvert à tout pays d’Europe, pour peu qu’il remplisse les conditions nécessaires. De la sorte, ses associés et futurs membres deviennent les acteurs directs de leur propre histoire. Au lieu de se fondre dans l’uniformité et de se plier à une domination, ils choisissent leur destin.
C’est aujourd’hui la voie qui est tracée à la Bosnie-Herzégovine. Par un autre heureux hasard de circonstance, ce 12 mai 2006 coïncide avec une nouvelle session de négociation avec la Commission européenne. J’y vois un présage encourageant.
Et si j’ai tenu à associer mon collègue autrichien à cette commémoration, ce n’est pas seulement parce que David et Mittesser ont constitué le duo diplomatique premier dans ce pays, mais c’est aussi parce que, exerçant actuellement la présidence de l’Union européenne, Vienne illustre cette profonde mutation de notre continent : naguère puissance dominante dans cette partie des Balkans, l’Autriche joue désormais son rôle, pleinement, avec son originalité, la richesse de son histoire, l’ancienneté de son expérience diplomatique, mais au service non pas d’une ambition nationale mais de cette Europe qui est notre construction et notre avenir commun (paragraphe prononcé en allemand).
Je ne pourrais conclure ces propos sans remercier chaleureusement les autorités de la ville et du canton de Travnik, les autres représentants de ce pays venus d’autres points de la Fédération et de la Republika Srpska, ni sans saluer les talentueuses contributions grâce auxquelles cette exposition et l’ouvrage qui est dévoilé ce jour, peuvent nous aider non seulement à rêver mais aussi à réfléchir sur le sens de l’Histoire et sur nos modestes contributions personnelles au cours des évènements. Entre Paris, Sarajevo, Travnik, Vienne, Belgrade et Zagreb, il aura fallu toute l’énergie, la science historique, la chaleur humaine et l’enthousiasme de Slobodan Soja, ancien ambassadeur de Bosnie-Herzégovine en France, pour obtenir un résultat que nous pouvons partager ensemble et laisser une trace de cette journée dans nos mémoires et dans nos bibliothèques./.
Henry ZIPPER de FABIANI
Ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine
Déplacement de l’Ambassadeur à Trebinje, Bileca, Foca et Srebrenica (8-10 mai 2006)
Du 8 au 10 mai, l’Ambassadeur Henry Zipper de Fabiani s’est rendu à Trebinje, Bileca, Foca et Srebrenica, à l’est de la Republika Srpska.
A Trebinje, l’Ambassadeur s’est entretenu avec le Maire, M. Borislav Cuk, ainsi qu’avec l’évêque du monastère de Tvrdos, Monseigneur Grigorije.
A Bileca, l’Ambassadeur a été accueilli par le Maire M. Miladin Samardzic, le Président de l’assemblée municipale M. Radoslav Radmilovic, et la représentante de la ville au Parlement de Bosnie-Herzégovine, Mme Liljana Milicevic.
A Foca, l’Ambassadeur a eu un entretien avec le Maire, M. Zdravko Krsmanovic.
A Srebrenica, l’Ambassadeur a déposé une gerbe au mémorial de Potocari en l’honneur des victimes du massacre qui a si tragiquement endeuillé cette commune en juillet 1995. Il a rencontré le maire de Srebrenica M. Abdulrahman Malkic et s’est entretenu avec la Présidente de l’association des femmes de Srebrenica Mme Hajra Catic, ainsi qu’avec la Présidente du Centre de la jeunesse, Mme Mikica Nikolic.